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Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/462

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celui que produit une façon de voir rationnelle : il ne peut y avoir qu’un seul Dieu. Après avoir atteint ce sublime point de vue, il se produit facilement une réaction, ainsi que l’histoire l’atteste. Le besoin se fait sentir d’avoir des êtres médiateurs entre le Dieu unique, infini, pur esprit, et le monde. Entre ces deux pôles opposés — la conception intuitive, sublime, de Dieu et la conception bornée, sensible — se produit une oscillation perpétuelle. — En poussant plus loin l’analyse, Hume trouve dans l’essence de la religion des tendances et des propriétés contradictoires. Sublime et grossièreté, foi et doute, pureté et immoralité, grandeur et horreur sont étrangement alliés. Il est tant d’énigmes dans la religion, et tant d’antinomies entre les diverses religions, que Hume préfère se retirer dans les régions sereines, bien qu’obscures, de la philosophie. — Dans l’Essay « Des miracles », Hume discute spécialement le problème du surnaturel. Sa principale idée ici, c’est qu’aucun témoignage ne suffit pour fonder un miracle, à moins que la fausseté du témoignage ne soit un plus grand miracle que le miracle attesté. Il prétend toutefois qu’il n’y a pas de miracle qui ait pu être appuyé par un pareil témoignage. —

Pour le problème de la vérité de la religion, il est difficile de découvrir le point de vue véritable de Hume, vu qu’il a examiné cette question sous forme de dialogue. Il indique trois points de vue. Demea est le représentant d’une orthodoxie mystique, qui s’appuie en partie sur des motifs à priori de la raison, et en partie sur des postulats du sentiment. Cléanthe représente un déisme rationaliste auquel la finalité de la nature vient notamment en aide. Philon prend parti soit comme sceptique, soit comme naturaliste. Que Déméa ne représente pas le point de vue propre à Hume, cela ne fait pas de doute. D’après ses propres dires, il fit de Cléanthe le héros des dialogues ; mais il est évident, comme il le déclare du reste dans des lettres (Burton, I, p. 332, Letters to Strahan, p. 330) que les considérations de Philon l’intéressent le plus, bien que ce dernier soit obligé de renoncer à son point de vue. C’est le point de vue de Philon qui, sans aucun doute, coïncide surtout avec celui de Hume. Les principales idées que Philon fait valoir sont suivantes. — Qui pourrait nous blâmer de déclarer, relative-