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néglige, il dédaigne même comme inutiles, les faits qui n’ont qu’une valeur théorique. Le docteur Abel raconte qu’après avoir satisfait aux questions que lui avait adressées un mandarin sur nos manufactures, il saisit cette occasion pour lui apprendre que nous avions des métaux qui, mis en contact avec l’eau, jetaient aussitôt des flammes. « J’avais sur moi, dit-il, un peu de potassium, et je voulus lui en montrer les propriétés. Il me demanda immédiatement à quoi cela était bon ; et comme je ne pus lui en prouver l’utilité d’une manière satisfaisante dans l’ordre de ses idées, il le regarda avec tant de dédain, que je ne jugeai plus à propos de risquer l’expérience[1]. »

La poudre à canon est connue depuis longtemps en Chine ; mais son application aux armes à feu y est assez récente : elle fut introduite de l’occident par la voie des missionnaires. D’après Wilkinson, la poudre fabriquée en Chine contient à peu près les mêmes proportions de nitre, de charbon et de soufre que la poudre qu’on fabrique en Angleterre ou en France[2].

Les Chinois ne se servaient de la poudre à canon que pour les feux d’artifice, dans lesquels ils excellent encore. Le P. Magaillaens rapporte qu’il fut très-émerveillé d’un de ces feux qui se fit en sa présence : « Une treille de raisins rouges était représentée ; la treille brûlait sans se consumer. Le cep de la vigne, les branches, les feuilles et les grains, ne se consumaient que très-lentement. On voyait les grappes rouges, les feuilles vertes, et la couleur du bois, tout cela représenté si naturellement qu’on y était trompé. »

L’art de fabriquer la porcelaine était déjà porté à un très-haut degré de perfection en Chine et au Japon, à une époque où nous n’en avions encore aucune connaissance en Europe[3]. C’est

    ciel sont : celui de l’éther suprême, qui est le vrai feu, ou le feu par excellence ; le feu des étoiles, qui est d’une nature plus fugitive ; celui des dragons, et celui du tonnerre. Sur la terre, on distingue le feu qui s’obtient par le frottement du bois, celui qui prend naissance par le choc d’une pierre, celui qui vient de l’huile des pierres, et celui qui naît dans l’eau. »

  1. La Chine, par J.-F. Davis, ancien président de la Compagnie des Indes en Chine, t. II, p. 192 (trad. par A. Pichard ; Paris, 1837-8).
  2. Poudre de Chine : Nitre 75,7. Charbon 14,4. Soufre 9,9.
    Poudre française : Nitre 75. Charbon 15. Soufre 10.
  3. On a proposé bien des étymologies pour le nom de porcelaine (tse-ki, en