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PREMIÈRE ÉPOQUE

personnage mythique, qui s’appelle aussi Thaat ou Thaut, un grand nombre d’écrits sur les arts, sur la médecine et l’astrologie, dont plusieurs existent encore sons le pseudonyme d’Hermès Trismégiste[1]. Ce qui prouve que ces écrits sont supposés, c’est qu’aucun écrivain antérieur à l’ère chrétienne n’en fait mention. Les auteurs qui en ont parlé les premiers appartiennent presque tous à la fameuse école d’Alexandrie, véritable atelier de science et de littérature pseudonymes.

D’autres attribuent l’invention des arts utiles à Phtha ou à Vulcain. Ils le regardent comme identique avec Tubalcaïn qui, d’après la tradition biblique, travailla le premier les métaux[2]. Zosime, Eusèbe et Synésius rapportent qu’il y avait dans le temple de Phtha (Vulcain), à Memphis, un endroit destiné à l’exercice de la science divine ou de l’art sacré, qui, comme nous le verrons plus bas, n’était autre que la chimie ou l’alchimie. C’est ainsi que les alchimistes se réunissaient autrefois dans les cathédrales pour se livrer aux opérations du grand œuvre.

Les alchimistes paraissent avoir également emprunté aux prêtres de l’Égypte les formes énigmatiques, les signes hiéroglyphiques de leur art, le rapprochement mystique des métaux, des planètes et des signes du zodiaque, les théories de l’œuf philosophique,  etc.

On a beaucoup et vainement discuté sur la science cachée des prêtres de Thèbes, de Memphis et d’Héliopolis. Le silence était imposé à ces prêtres sous les peines les plus sévères, et il ne leur était permis de s’exprimer que symboliquement.

Au rapport d’Eusèbe et de Synésius[3], c’est dans le temple de Memphis que Démocrite d’Abdère fut initié par Ostanes

  1. La table d’émeraude (tabula smaragdina) de Hermès Trismégiste était consultée comme un oracle par les alchimistes du moyen âge. Le divinus Pymander, écrit originairement en grec (alexandrin), et traduit en latin par Marsilius Ficin, est un ouvrage mystique, souvent cité. Voy. les ouvrages attribués à Hermès Trismégiste, dans Clément d’Alexandrie (Stromat. lib. . — Theatrum chemicum, Manget, Bibl. chemica ; Iatro-mathematica Hermetis, par Dav. Hoeschel, Augsb., 1597 ; les manuscrits arabes de la Bibliothèque de Leyde. Saint Augustin (de Civ. Dei, c. 23, 24 et 26), cite un ouvrage attribué à Hermès Trismégiste sous le titre de Verbe parfait (Λόγος τέλειος). On lui attribue aussi un livre intitulé Asclepias, dont la version est probablement due à Apulée.
  2. Genes., IV, 22. Diodore de Sicile, liv. II, ῝Ηφαιστον λέγουσιν τῆς περὶ τοῦσιδήρου ἐργασίας εύρετὴν γενέσθαι.
  3. Eusebiana græca scalig., p. 43.