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HISTOIRE DE LA CHIMIE

aux mystères de l’Égypte, en compagnie d’autres philosophes, parmi lesquels on cite Pammènes, et une prophétesse juive, nommée Marie.

Ces initiations mystiques offrent quelque analogie avec celles des alchimistes du moyen âge, qui s’engageaient aussi, par des serments terribles, à garder le secret de leur art, et qui ne parlaient des choses les plus simples que par énigmes.

Les disciples de l’art sacré, comme les alchimistes, se divisaient, à proprement parler, en deux classes : 1° ceux qui traitaient de la science par des signes ou des symboles, et qui dédaignaient d’observer la nature ou d’interroger l’expérience ; 2° ceux qui, sans suivre exclusivement leur imagination, arrivaient par la pratique de leur art à des découvertes utiles. Les premiers se faisaient remarquer par leur dogmatisme orgueilleux : ils se disaient les initiés par excellence, pour se distinguer de ceux de la deuxième classe, qui, pour être plus modestes, n’en étaient que plus estimables. Si c’est à la première classe qu’appartenaient les prêtres de Memphis, de Thèbes et d’Héliopolis, nous n’avons pas à regretter leur science : elle méritait l’oubli.

Les objets d’art de l’antiquité sont sortis des mains de l’ouvrier ; étranger à la langue du prêtre, il travaillait les métaux, fabriquait le verre, faisait de riches étoffes, et métamorphosait la matière brute en monuments que le temps a en partie respectés et que la postérité admire.

Laissons Borrichius[1], Conringius[2], Kircher[3], et

  1. De ortu et progressu Chemiæ, dans Manget, Bibl., chem., t. I.
  2. H. Conringius, de Hermetica Ægypt. Helmst. 1648, 4.
  3. Ath. Kircher, Œdip. Ægypt., t. II, par. II (Rome, 1653, in-fol.), p. 387. Alchimia hierogliphica. Suivant cet auteur, les mythes égyptiens, comme les mythes grecs, renferment, sous une forme allégorique, tous les secrets de la chimie. Osiris et Isis représentant, dit-il, comme Jupiter et Junon, le principe mâle et le principe femelle, l’actif et le passif. Osiris (la matière de l’alchimiste) est mis en pièces par son frère adultérin Typhon ( division), et placé dans un tombeau (vase chimique), où il subit l’action de Phtha (feu). Bientôt Isis rassemble les morceaux épars du corps d’Osiris, les joint et les combine ensemble, pour en faire un corps plus parfait. C’est pourquoi Isis est à la fois la mère, la sœur et l’épouse d’Osiris. De l’union d’Osiris avec Isis naquit Horus, qui fut instruit par sa mère dans tous les secrets du grand œuvre. Horus (Apollon) était le maître d’Hermès Trismégiste qui, selon la tradition, est l’inventeur des hiéroglyphes et de tous les arts pratiqués en Egypte. — Les pommes du jardin des Hespérides, gardé par un dragon, renferment, selon le même auteur, tout le mystère de l’art hermétique. Hercule, étouffant le lion de la forêt de Némée, exprimerait symbo-