Page:Haag - Le Livre d’un inconnu, 1879.djvu/48

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Ces voix me disaient : Viens, viens, nous te connaissons ;
Viens, nous t’apaiserons par nos graves leçons.
La fleur n’a qu’un matin, le rire n’a qu’une heure,
Mais quand la fleur pourrit le tronc rugueux demeure.
Laisse-les s’étourdir dans leurs plaisirs d’un jour ;
Le temps marche, et pour eux le deuil aura son tour,
Le temps marche, et, tandis que leurs coupes s’emplissent,
Ils ne prennent pas garde aux lustres qui pâlissent,
Aux fenêtres qu’on voit s’entr’ouvrir lentement,
Au ciel noir qui paraît par l’entrebâillement.
Oh ! l’effrayant réveil pour leur joie éphémère !
Mais toi, poète, toi, pauvre rêveur austère,
Ces visions glaçant d’effroi leurs cœurs tremblants,
Nous t’en aurons appris les secrets consolants,
Et ton œil, rassuré sous ces funèbres voiles,
Découvrira déjà la clarté des étoiles.