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XXVII


Je me souviens encor du temps de mon enfance :
J’étais très expansif, très rieur et très blond ;
Paresseux quelquefois, gourmand par occurrence,
Indocile souvent, aimant et doux au fond.

Sans crainte du soleil qui hâle ou de la boue,
J’allais mordre gaîment aux fruits verts des buissons ;
L’âpre bise mettait du rose sur ma joue
Et l’austère forêt me disait des chansons.

Je vivais très heureux, et comme l’on doit vivre,
Sans savoir que l’on vit, sans songer que l’on meurt,
Comme le papillon qui sur la fleur s’enivre,
Comme l’oiseau naïf, ignorant l’oiseleur.