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CHAPITRE II.

NOM DE NOMBRE ET ARTICLE INDÉFINI.


§ 55. Noms cardinaux. I. Au xvie siècle, la conjonction et sert à relier les unités aux dizaines selon l’ancien usage ; cependant l’usage moderne[1] commence à se faire jour. Au xviie siècle, l’ancien usage se maintient simultanément avec celui de la langue moderne, bien que le dernier supplante de plus en plus le premier.

Ex. : C’est un homme entièrement achevé, et qui dès l’âge de vingt et deux ans fut estimé sage. (Balz., Lettr., IX, 17.) — Il y avoit trop de disproportion de son âge de soixante et douze ans à celui d’un homme qui n’en avoit pas encore vingt et cinq. (Id., Diss. crit., XXVIII.) — Après trente et trois ans sur le trône perdus… (Corn., Poés. div., X, p. 90, v. 13 var.) — Les vingt et quatre heures. (Id., La Veuve, Au Lecteur.) — On en voyoit d’abord vingt et quatre marcher. (La Font., Lettr. à M. Fouquet, 26 août 1660.) — Soixante et neuf professes. (Rac., P.-R., IV, p. 619.)

Palgrave (p. 368) érige en règle de relier les chiffres des unités à ceux des dizaines par la conjonction et à la suite d’expressions numériques considérables, quand elles se terminent par une consonne. Ainsi l’on dira : cinquante cinq ; trente deux, etc., mais : cent et un, deux cens et deux, quatre vingts et un, six vingts et deux, etc. Th. Corneille (II, 112) cite Ménage (I, p. 479) qui exige : vingt et un, trente et un, etc. ; quatre-vingt un et cent un ; trente deux, quarante cinq, etc. Th. Corneille admet aussi qu’on dise : vingt-deux, vingt-trois, etc. ; Ménage préfère vingt et deux, etc. Richelet mentionne l’usage de construire et avec les noms de nombre de soixante à quatre-vingt.

  1. La conjonction et ne se construit plus, et encore d’une façon restreinte, qu’avec un et onze.