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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/114

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quarante jours après la fécondation de l’œuf, s’il s’agit d’un garçon, mais s’il s’agit d’une fille, quatre-vingts jours seulement après les phénomènes indiqués. Si Wasmann adopte cette introduction de l’âme en ce qui concerne également le développement de l’espèce, il doit postuler, dans la phylogénie des singes anthropoïdes, un moment historique auquel Dieu aurait inoculé son esprit à l’âme du singe, jusqu’alors dépourvue de spiritualité.

Considérée impartialement, à la lumière de la raison pure, cette croyance à l’immortalité est manifestement en contradiction insoluble avec les faits de l’évolutionnisme, comme avec ceux de la physiologie. Le dogme ontogénétique de l’ancienne Église, d’après lequel l’âme aurait été « introduite » dans le corps sans âme de l’embryon, à un moment précis de son développement, est tout aussi absurde que le dogme phylogénétique des Jésuites modernes, d’après lequel l’esprit de Dieu aurait été « insufflé » au corps sans âme du singe anthropoïde, à un moment précis de l’histoire de l’espèce (pendant la période tertiaire !), moment auquel serait alors apparue l’âme immortelle de l’homme. On pourra envisager et examiner sur tous les points ce dogme favori de l’athanisme ; partout il apparaîtra comme une superstition mystique ; l’incroyable puissance de la tradition le maintient seule en vigueur, jointe à la puissance des gouvernements conservateurs, dont les chefs, d’ailleurs, pour la plupart, ne croient pas personnellement à ces soi-disant « révélations », mais demeurent convaincus, en pratique, que « le trône et l’autel » doivent se soutenir mutuellement ; —