Aller au contenu

Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connaître, grâce à lui, les merveilleuses splendeurs du monde marin ; tandis qu’assis dans le bateau, nous pêchions ensemble et prenions de belles méduses, je lui demandai comment on devait expliquer la merveilleuse alternance de leurs générations ? Si les méduses, dont les œufs aujourd’hui encore, donnent journellement naissance à des polypes, ne proviendraient pas, à l’origine de la forme plus simplement organisée qu’est le polype ? — Cette question téméraire, elle encore, ne me valut qu’une réponse résignée : « Voilà, nous sommes là en présence d’une pure énigme ! De l’origine des espèces nous ne savons absolument rien ! »

Jean Müller était, sans contredit, un des plus grands naturalistes du dix-neuvième siècle, il prenait rang à côté de Cuvier et de Baer, de Lamarck et de Darwin. La profondeur de son investigation pénétrante allait de pair avec la largeur de son jugement philosophique et l’étendue incroyable des connaissances qu’il possédait en biologie. É. du Bois-Reymond, dans le beau discours qu’il prononça en mémoire de Müller, le compara très justement à Alexandre le Grand, dont l’empire se morcela à sa mort en de nombreux royaumes indépendants. Dans ses cours et dans ses œeuvres, Müller n’aborda pas moins de quatre sciences distinctes, pour lesquelles, après sa mort (1858), autant de chaires furent fondées : l’anatomie humaine, la physiologie, l’anatomie pathologique et l’anatomie comparée ; deux branches importantes d’études étaient même adjointes aux précédentes : la zoologie et l’embryologie. Car, même en ce qui concerne ces branches de la biologie nous avons appris plus par les classiques leçons de