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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/39

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de l’âme, substance mystique, dont la spéculation métaphysique revendiquait pour elle seule la connaissance. Dans cet obscur chaos de notions contradictoires, Ch. Darwin, en 1859, fit d’un coup la lumière ; dans son livre qui fait époque : De l’origine des espèces animales et végétales expliquée par la sélection naturelle, il démontra d’une manière convaincante que ce phénomène historique n’était pas un mystère surnaturel, mais un processus physiologique et que la préservation des races les plus parfaites, dans la lutte pour la vie, avait produit, par un développement naturel, le monde des merveilles de la vie organique.

Aujourd’hui que la théorie de l’évolution est admise presque partout en biologie, que des milliers de travaux anatomiques et physiologiques viennent chaque année s’appuyer sur cette base solide, la jeune génération a peine à se représenter la résistance acharnée que rencontra tout de suite la doctrine de Darwin, et les luttes passionnées qui se livrèrent à son sujet. En première ligne, l’Église éleva contre ces théories une énergique protestation ; elle entrevit avec raison dans le nouvel adversaire l’ennemi mortel du mythe admis au sujet de la création et elle comprit que, du même coup, les fondements du dogme de l’Église étaient particulièrement menacés. L’Église trouva bientôt une puissante alliée dans la métaphysique dualiste, qui, dans la plupart des Universités, aujourd’hui encore, élève la prétention de représenter la véritable philosophie « idéaliste ». Mais pour le jeune darwinisme, plus dangereuse encore apparut l’opposition violente qui, presque partout, s’éleva du propre camp de la science empirique. Car la