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ramené aux scènes de la vie qu’il a vécue et entre personnellement en jeu au milieu des larges mailles de ce filet, alors que, d’un autre côté, les allusions amoureuses à la Divinité s’adaptent pour lui à chaque instant de son existence. Les lisant dans un moment où ses sens parlent plus haut que son imagination, il se soucie fort peu du mysticisme qui les enveloppe et se laisse entraîner sur la pente rapide de l’amour charnel ; préoccupé au contraire de pensées élevées, rassasié pour un moment des excès ou des plaisirs de ce bas-monde, il s’exalte alors à l’idée de cet amour divin et trouve, en réalité, dans la même page, le poison et l’antidote[1].

  1. M. Anatole France exprime avec tant de précision les idées que je tâche d’indiquer ici, que je ne puis m’empêcher de citer ce passage du Jardin d’Épicure : « Quand on lit un livre, on le lit comme on veut, on en lit ou plutôt on y lit ce