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la littérature canadienne française

I

Une voix maternelle murmure auprès d’un berceau quelque chanson naïve ; ou bien la grand’maman retrouve, pour endormir son petit-fils, des airs qu’elle avait oubliés depuis longtemps. Il y a quelque chose de vénérable dans ces rengaines dont le sens nous échappe parfois, et qui rattachent les tout petits du XX« siècle à leur ascendance lointaine. La belle dame poudrée à frimas qui veille au-dessus de la bercelonnette, et qui a dans les yeux quelque chose d’un regard aimé, sur les lèvres quelque chose d’un cher sourire, fut bercée, voilà bien longtemps, par ces mêmes chansons. Le cavalier à perruque blonde qui froisse son jabot de dentelles et se rengorge dans son vieux cadre, s’endormit jadis aux mêmes rythmes. Quelle est la créatrice anonyme qui la première a fredonné ces refrains ? Nul ne le sait. Mais son œuvre est plus vivante que les gros livres longuement médités, et qui dorment leur sommeil grognon, dans les robes de basane où meurent les ors ternis. Cette fleur modeste et charmante du lied s’enroule, comme un liseron, autour de la flèche d’un berceau.

La preuve que le Canada est bien la France, c’est que nos chansons ne diffèrent point des siennes et que dans nos provinces les plus diverses ont pris naissance des airs qui subsistent là-bas.

Une maman fredonne :