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RENÉ DE CERIZIERS

d’œuvre de science et de raisonnement, que l’ancien maître du palais de Théodoric composa dans sa prison de Pavie. Traduite en grec par Planude, en anglo-saxon par Alfred le Grand, la Consolation de la Philosophie le fut en français du moyen âge par Jean de Meung. Je ne suis pas surpris que cet admirable plaidoyer à l’honneur de la Providence, où Boëce, qui éclaire les maximes de la sagesse antique des lueurs de la religion chrétienne, arrive à trouver la joie au sein même de la souffrance, ait séduit l’âme pieuse et aimante du Père de Ceriziers. Sa traduction, qui paraphrase quelquefois l’original, en rend assez fidèlement la physionomie ; mais quoiqu’elle soit assez coulante et qu’elle se recommande souvent par l’aisance et le naturel, il s’en faut qu’elle justifie les éloges outrés des censeurs : l’un s’écrie « qu’elle n’a pas tant besoin d’approbation que de louanges ; » un autre, renchérissant encore, l’appelle « un chef-d’œuvre de la perfection de notre langue. » — Ce qui nous intéresse davantage, c’est la scrupuleuse exactitude avec laquelle Ceriziers a reproduit les rythmes si variés de l’auteur latin, la concatenation, pour ainsi dire, de ces petits vers dont Théodore Pulmann, dans son traité de la prosodie de Boëce (de metris Boethianis), a compté jusqu’à vingt-six espèces différentes. Ce n’est pas pourtant comme exemple de traduction fidèle que je cite la poésie première du livre III :

Celui qui veut semer ses champs
Pour y faire naistre des gerbes,

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