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RENÉ LE PAYS

5o Nouvelles œuvres de Monsieur Le Pays ; à Leipsig, chez Kruge, 1788. (C’est une réédition d’un choix de ses œuvres.)

Stephane Halgan

Nous avons respecté la teneur de ce jugement un peu écourté et paradoxal du regretté M. Halgan ; mais nous ne pouvons laisser le pauvre poète sous le coup de ces dures paroles, de cet injuste arrêt.

Certes, René Le Pays a été surfait par ses contemporains, qui lui ont payé comptant — dit ingénieusement M. C. Livet — toute la somme de gloire qu’il méritait. Tout n’est pas pourtant si ennuyeux ni si fade dans les œuvres du bouffon plaisant ; que de jolies choses nous pourrions extraire de ses piquantes relations de voyages, et comme nous voudrions mettre une lettre, intéressante et sérieuse, écrite de Londres, en regard des meilleures pages de Voiture, de la lettre sur la prise de Corbie, par exemple ! Mais le prosateur nous échappe ; le poète, qui est bien inférieur, n’est pas toujours dénué d’esprit et de charme, il est parfois ce que Lactance disait d’Ovide : poeta non insuavis. Que dites-vous de ce portrait d’un officier, un peu maraudeur, aux prises avec l’intendant de la police et des finances du Dauphiné, M. du Gué ?

Je vis encore un officier,
Qui peut-estre, dans son quartier,
Avoir permis maint brigandage,
Et qui faisoit passer ses soldats pour des saints,
Vous jurant qu’en chaque village,