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NICOLAS DADIER

passage d’une crudité naïve), elle s’extasie devant le divin bambino, et, tandis que la crèche s’illumine,

Elle se sent légère, et disposte et joyeuse,
Lève son petit Dieu, l’enveloppe, soigneuse,
De blancs drapeaux de linge, et, fauste de berceau,
Dans la crêche le met, sur un petit faisceau
De foin sec ramassé sous les fumantes bouches
De leurs deux animaux qui n’estoient point farouches,
Ains, soufflant un tiède air sur le divin enfant,
Pitoyables alloient ses membres réchauffant.

On ne saurait trop louer Dadier d’avoir conservé à cette scène une simplicité, une familiarité, qui la font paraître plus sublime ; comme l’Évangile même, comme les peintres primitifs, il arrive, par les moyens les plus humbles, à une douce et saine émotion.

Je passe sur les autres faits de la vie de la Vierge, car il me paraît surtout intéressant de citer les vers où Dadier parle de l’ordre des Carmes, le sien, de sa priorité et de sa suprématie sur les autres ordres religieux. Par un ingénieux détour, il fait dire au vieux Siméon, saluant la venue de Marie au temple, le jour de la Purification :

 … Le Carme sur son faiste
Un ample et digne honneur longtemps y a t’appreste,
Et dans ses autres coys te nourrit saintement
Des fils qui, revestus d’un blanc habillement,
Tesmoignent la candeur de ton âme très pure…
Iceux par grand amour d’un éternel bien
Le sacré nom du mont joindront avec le tien.