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NICOLAS DADIER

Une saison viendra que les troupes fidelles,
En mémoire de toy, d’hosties solennelles
À ce jour couvriront tes autels parfumez,
Et devots porteront des cierges allumez
Cheminans d’un long ordre, et d’une alleure grave ;
Et le prestre, vestu d’un manteau riche et brave,
Entonnera mes vers d’un accent gracieux,
Et devot, remplira le temple spacieux
Des odeurs de l’encens dont la vapeur montée
Par les postes de l’air bien loin sera portée…

Dans une description du mont Carmel, sorte de hors-d’œuvre qu’il intercale dans son poème, Dadier reprend ce thème de la glorification de son ordre, « Mont saint par excellence, s’écrie-t-il, qui, comme une vigne féconde, »

De ses heureux rameaux a remply tout le monde :
Le silence éternel des Chartreux vient de là,
De là plusieurs brebis sainct Benoist appela ;
De là les mendians qui le bourgeois d’Assise
Tiennent pour leur autheur, ont la manière apprise
De se chausser de bois, et d’un cordon chanvreux
Durement resserrer leur habit plantureux ;
De là vindrent aussi les hermites austères
Qui jadis habitoient les déserts solitaires ;
Et ce lieu sainct encor l’origine donna
À ces doctes trescheurs que d’Espagne amena
Le grand sainct Dominic…

Jusque dans cette énumération, dans ce défilé de moines, des traits images, des expressions neuves et hardies font songer à la brillante et sonore école de Ronsard. Dadier est un vrai disciple, un peu attardé,