Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
238
RONDEAUX

de l’Oratoire à Nantes. L’impression, très soignée, fait honneur à Joseph Heuqueville ; une différence légère d’orthographe et la suppression de la particule, ne m’empêchent pas de regarder cet imprimeur nantais comme le descendant direct de Sébastien de Huqueville ou Hucqueville, aux presses duquel nous devons, entre autres ouvrages, la Belle et curieuse recherche d’Albert Padioleau (1631), et l’Episemasie de Pierre Biré (1637).

La vogue des rondeaux avait survécu à Voiture, le roi et le maître du genre ; elle venait de s’affirmer par le succès de la bizarre tentative de Benserade (Ire édit., 1676) ; il n’était pas, au demeurant, beaucoup plus singulier de travestir en rondeaux les Métamorphoses d’Ovide que de célébrer, aussi en rondeaux, la chevelure de Clodion, la matoiserie de Louis XI ou les conquêtes de Louis XIV ; notre Nantais anonyme dut s’applaudir et être complimenté de cette idée. Ce n’était pas un maladroit, d’ailleurs ; le rondeau, ce petit poème incisif, bien français, et qui attend toujours son Pétrarque, n’avait pas de secrets pour lui ; il y excellait, surtout quand, affranchi des grands souvenirs historiques, il pouvait broder des variations sur cette période, si vague et indéterminée alors, qui va de l’époque gallo-romaine à la fin du moyen âge. Les rondeaux sur Clodion, Mérovée, Childebert, les rois fainéants sont amusants, avec un léger penchant au grotesque et à la caricature ; voici celui de Clotaire III, l’un des plus inconnus de ces roitelets :