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SUR LES ROIS DE FRANCE

Il faut mourir, qui s’en échape ?
Fussiés-vous caché dans la trape,
Fussiés-vous marquis ou bourgeois,
Monarque, prince, ou villageois,
Ou tôt ou tard la mort vous hape.
Jeunes et vieux elle vous drape.
Ah ! je l’entens déjà qui frappe
À la porte, j’entens sa voix :
Il faut mourir.
Fût-on plus savant qu’Esculape,
On n’en sauveroit pas le Pape ;
Le pieux Clotaire, autrefois,
Tout jeune encor subit ses loix,
Point de quartier quand elle attrape :
Il faut mourir.

À mesure qu’il approche des temps modernes, on sent que le poète est plus gêné dans son essor ; il se tire assez ingénieusement du rondeau sur Louis XI, en faisant courir, d’un bout à l’autre, une fine ironie :

De tous les rois voici le plus sincère,
Le plus loyal, sans porte de derrière ;
On reconnut, dès qu’il estoit dauphin,
Qu’à la douceur il devoit estre enclin ;
Jamais enfant plus soumis à son père,
La piété fut son vray caractère,
Règne jamais ne fut moins sanguinaire,
Il affecta d’estre le plus humain
De tous les rois.
Il ne sçavoit que c’est que d’estre fin ;
On le voyoit aller son grand chemin ;
Le Bourguignon eut raison de le croire.