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POETÆ MINORES ARMORICI

tisme. L’éloge de la Bretagne, qui ne le cède à aucune nation, qui ne s’est jamais asservie, amène cette apostrophe à la France :

Grande Reine, tu sçais que ce plaisant séjour
Ne t’est eschëu de force, ains t’est escheu d’amour,
Quand, par les loix d’hymen, Anne, notre héroyne,
À tes Lys annexa les droits de son Ermine.

Un défilé pompeux commence ensuite : ce sont, d’abord, les ducs légendaires et historiques, Conan Mériadec, Hoël, Neomène, puis les preux :

Du Guesclin n’est-il pas l’ornement de la terre,
Des Maures la tempeste et l’effroy d’Angleterre,
Du peuple Ibérien et de ses puissants roys
L’astre préservateur, ainsi que des François ?
Montiel, Cnoles, Chisey, Grancon, et mille et mille
Luy acquièrent un champ en victoires fertile,
Et font que son triomphe, avec facilité,
Surgit au rendez-vous de l’immortalité.
Hé ! qui ne sçait le nom d’Olivier de Clisson,
Aussi de la Bretagne illustre nourrisson,
Lorsque, plein de bonheur, il fist son roy sacrer,
Lorsque victorieux il a fait massacrer
Les parjures mutins et la bande rebelle
Qu’avoit fait révolter ce Gantois Artevelle ?

C’est encore Richemont, sans qui

Le génie, qui tient la couronne françoise,
Se sentoit terrassé par la fortune angloise,
Paris estoit changé dans un Londre nouveau.