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POETÆ MINORES ARMORICI

C’est Pierre de Rohan, tige d’une race glorieuse, ce sont les croisés de Bretagne. A-t-on, s’écrie le poète enthousiasmé, oublié les noms

De ces pieux Bretons, qui, dans la Palestine,
Ecrasèrent l’horreur de la gent sarrazine.
Quand Pierre, Jean, Alain, de divin zèle ardans,
Trois princes renommés, destruisoient les Soudans,
De leurs Bretons faisant une invincible armée,
Pour te rendre ton mieux, ô ville Solimée !

La gloire des armes est l’apanage des Bretons :

Bref, il ne s’est jamais fait voyage ou conqueste,
Où tousiours le Breton, plus roide que tempeste,
Ne se soit eslancé, et, par un brave effort,
N’ait aussi tost donné la crainte que la mort.

Mais, si les guerriers dominent, d’autres grands hommes, des théologiens, des jurisconsultes, se sont montrés leurs dignes rivaux :

Combien de cardinaux et de mitrez pasteurs
Sont issus de Bretagne, et combien de docteurs,
Abélard et Hervé, Boych, Baron, de Broye,
Raucelin, Duaren, et celuy qui envoye
Son nom jusques aux cieux, pour avoir pénétré
Dedans le cabinet de Thémis, d’Argentré !

Admirable pays, cette Bretagne, — conclut Jouchault, nation dont l’ennemi, dont le temps, n’ont pu changer le droit municipal, ni la langue,

Le langage certain dont les Gaules illustres
Se servoient dignement, il y a mille lustres.