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POETÆ MINORES ARMORICI

récrie d’admiration et il ajoute que l’auteur, fort oublié aujourd’hui, « étoit non moins chéry des Muses qu’admiré des plus équitables adorateurs de la déesse Astrée. » Il s’en faut que ces éloges soient justifiés, le bel esprit de province marche trop souvent sur les traces de l’abbé Cotin ; mais il n’était pas sans intérêt de montrer que les lettres étaient en honneur à Nantes, au début du XVIIe siècle, et que les faits d’histoire locale y fournissaient matière à la poésie.

Voici encore trois noms de petits poètes, relevés au cours de mes recherches. Le premier était Normand de naissance, mais il se naturalisa Breton, en fondant à Saint-Brieuc la première imprimerie de cette ville : c’est l’imprimeur Guillaume Doublet, duquel descendent par les femmes les Prud’homme d’aujourd’hui. Dans le Bibliophile Breton, publié par M. Plihon (1er trimestre de 1884), M. Arthur de la Borderie nous apprend que Doublet inséra, en tête des Vies de S. Brieuc et de S. Guillaume, du chanoine La Devison (1627), des stances de sa composition, qui n’ont pas été reproduites dans la réimpression de ce livre, faite en 1874. Voici ces stances, dédiées « à Monsieur de la Devison » ; elles ne manquent pas d’originalité :

Roulez, siècles, roulez comme les flots baveux,
L’un l’autre s’estouffant d’une mortelle envie ;
Vous ne pourrez jamais faire que nos nepveux
De leurs sacrez prélats ne sçachent bien la vie.

Leurs mérites, cachez dans vostre antiquité,
Comme les diamans sous les eaux de Pactole,