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POETÆ MINORES ARMORICI


Ce pompeux appareil m’est un sujet de plaintes,
Ces trophées me sont importuns en effet,
Et ne puis sans gémir voir la ville de Xaintes
Qui triomphe chez moy du tort qu’elle me fait.

Qui eust jamais pensé, t’aimant avec tendresse,
Que tes prospéritez m’eussent tant affligé,
Que j’eusse désiré, au fort de ma détresse,
Que le Pape et le Roy t’eussent moins obligé ?

Mon païs, qui vantoit l’honneur de ta naissance,
N’eust pas cru que l’Aunis t’eust brigué dessus luy,
Ny qu’aucun accident eust assez de puissance
Pour le rendre jaloux de la gloire d’autruy.

Le Loire, murmurant de sa perte apparante,
S’est enflé de despit, prest de se déborder,
Et va dans l’Océan quereller la Charante,
Qui luy ose ravir l’heur de te posséder.

Ceste solennité me seroit fort plaisante,
Si je pouvois encore après te retenir,
Mais les chatouillemens de la joye présente
Cedent aux sentimens de mon mal à venir.

Puisque tu es pasteur, je te voudrois le nostre,
Si le grand Cospéan ne retenoit mes vœux ;
Ne pouvant avoir l’un sans me priver de l’autre,
Je ne puis par raison vouloir ce que je veux.

Mais, puisqu’un saint décret maintenant vous assemble,
Je suis bien consolé de vous voir en ce lieu,
Car les noms de Philippe et de Jacques ensemble
Sont d’un heureux présage en l’Église de Dieu.

Albert Le Grand, qui cite cette pièce dans son Catalogue chronologique des évêques de Bretagne, se