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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Des bois du Cambazu[1] en veloux atournées,
Aux doigts desquels reluit la belle bague d’or…
Vous diriez qu’en esprit, le grand Platon ils passent…
Ce sont balons venteux…

Rivière est ici bien hardi ; il est vrai qu’il traduit assez littéralement Palingene ; il ne s”écarte pas beaucoup non plus de son modèle latin dans cette apostrophe contre la poésie licencieuse, où il gémit de voir des enfants

Se perdre et empirer, sous le maistre apprenans
Carmes sales et ords, et la fleur printanière
Peu à peu flétris sans de leur pudeur première ;

où il s’adresse ainsi aux maîtres :

Je vous exorte donc, vous qui avez l’empire
Sur les adolescens, qui devez comme cire
Former entre vos doigts ces fragiles esprits,
De laisser ces auteurs corrompus, et leur lire
Quelque chose meilleure…

L’histoire nationale ou étrangère, la fable, la comédie honnête (si aucune se treuve, ajoute le poète, en marge), les vers innocemment gais, seront lus avec fruit :

<pem> Eslevez vos enfans de ces viandes-là. </poem>

Mais il faut bien prendre garde que la science, en s’alliant au vice, ne devienne une dangereuse auxiliaire ; l’honnête homme qui ne sait rien vaut mieux

  1. Cambazu doit être une faute d’orthographe ou d’impression, pour Cambalu, ville d’Asie, capitale du Catay, dans la grande Tartarie.