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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

assez plaisamment la méfiance, toujours en éveil, du méchant :

Si deux il voit parler ensemble, ah ! misérable !
Ceux-là parlent de moy (dit-il), et de mon fait ;
Que ferai-je ? On me cerche, il y a un décret,
Dois-je aller me purger ? ou plutost, par la fuitte,
Eviter le péril de ma vie maudite ?
Le meschant est tousiours par un arrêt des Cieux
Tenaillé de frayeur…

Ce portrait s’achève par une image qui sent la fausse grandeur de Du Bartas :

 … Dedans il boult et fume,
Comme le Stromboli dans la mer jette escume.

Parlant de la vertu et des embarras qu’elle éprouve, Rivière n’admet pas que l’on critique, amèrement et de parti pris, les mœurs de la Cour, mais il est sans pitié pour les écrits qui chatouillent la licence de ces mœurs,

Funestes monumens de paillardes ordures.

Et qu’on ne lui objecte pas que ces vers folâtres plaisent aux grands, les grands, le plus souvent, ne les entendant pas :

Combien le pourpre et l’or vest d’asnes à deux piez,
Combien nous en voyons richement abriez[1]
De la conque pourprine et des feuilles peignées

  1. Abriez, pour abrités, est dans Montaigne, (liv. I, ch. 20), et dans
    Saint-Amant :

    … Enfin le bon Dieu nous abrie,
    Et voici les convois de Beausse et de la Brie.