trente vers, émaillé d’une infinité de fleurs non moins minutieusement décrites, retentissant du chant des oiseaux (sur les charmes duquel Rivière s’est plus complaisamment étendu que son modèle) :
Mille sortes d’oiseaux d’un chant mélodieux
Emplissoient la forest par accords de musique ;
Là, Progné se douloit de l’amour tyrannique
De son cruel époux, et sa sœur en maint lieu
Lamentoit son désastre et d’Itys son nepveu ;
Le perroquet perché formoit nôtre langage,
La gentille linotte entonnoir son ramage,
Le pinson, le tarin[1], l’émaillé chardonnet
Et le canarien chatoient un beau motet.
Le vieillard et son compagnon voient venir à eux, en ce séjour enchanté, un cortège voluptueux que conduisent Vénus et Cupidon ; une sage conseillère, la nymphe Arété, survient alors qui les dissuade de rechercher une telle société ; elle leur cite l’exemple d’Hercule qui filait aux pieds d’Omphale, qui,
Au lieu d’une rondache[2] et cresté morion,
A porté la quenouille et le mol scofion ;
l’exemple de Circé qui embestoit les compagnons
d’Ulysse, et elle ajoute : fuyez la volupté,
- ↑ Du Bartas écrit chardonnet ou chardonneret ; Rivière (livre IX du Zodiaque) a comparé l’âme, tourmentée par les passions, à un chardonnet dans sa cage d’osier, pris entre deux chats qui lui donnent échec et mat.
- ↑ &zwnj ; La rondache était un grand bouclier. — Scofion, ou mieux escoffion, du grec coufia, coiffe (V. les Épithètes de de la Porte).
D’abord leurs escoffions ont volé par la place.
(Molière, l’Estourdy, acte V, sc. 14.)