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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Ceux qui veulent devenir savants ne sont pas plus favorisés ; à quelles pénibles ou désagréables obligations ne sont-ils pas astreints, dès l’enfance !

Plus tard, ils voyagent pour s’instruire, et quand, au prix de fatigues, de veilles, d’abstinences sans nombre, ils croient saisir la science, ils tombent malades :

De là sont affligez les uns de l’ophthalmie,
Infirmité des yeux, des liseurs ennemie
Autres de dispepsie à l’estomac recru
Pour les Muses baiser et rebaiser trop dru,
De palleur, de maigreur, et de vieillesse prime.

Il ne faut pas forcer la nature ; l’homme qui veut tout savoir tombe dans le sillon enflammé de Phaéton et d’Icare — il s’expose, ajoute de lui-même Rivière à une aussi déplorable chute que ces politiques trop ambitieux,

Sous Tibère, Sejan et sous Henry quatriesme,
Le guerrier de Biron[1].

La gloire, ainsi acquise, n’est qu’un vain fantôme, il faut s’humilier pour respirer ce grossier encens populaire. Les misères humaines donnent ensuite matière à une dissertation pleine d’amertume ; comme dans les anciens poètes, comme dans Shakspeare, tous les âges défilent, l’enfance débile, la jeunesse avec sa

  1. Ce ne fut pas seulement en France que la tragique catastrophe de Biron occupa les imaginations. Georges Chapman fit représenter à Londres The conspiracie and tragoedy of Charles, duke of Byron, marshall of France (1625).
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