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Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/97

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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Qui nous dit que foulans la terre Persiane,
Nous avons contreriez ceux de la Taprobane[1],
Et passans empouppez le détroit Magellan,
Nous marchons soûterrains du Tartare Idal-Cham…

Voici une autre raison, et des plus convaincantes : le navigateur, sous de lointaines latitudes, ne voit plus les mêmes astres,

Il est bien asseuré qu’il a changé de monde,
Et renversé sous luy nôtre etoillé lambris,
Nous, nos champs, nôtre France et l’Arctique pourpris.

Pourquoi l’éclipse de Lune se verrait-elle à Paris plus tôt qu’au Canada, à Rome plus tard qu’au Japon ? et cet argument décisif :

D’où qu’etant embarquez pour faire navigage,
Après les adieux dits, ceux qui sont au rivage
Perdent premièrement de veüe le vaisseau,
Puis les hommes, le mast, la hune et le drapeau,
Qui flotant sur les eaux enfin se perd de veüe ?
Autre cause n’y a que la tumeur ventrüe
De la terre et de l’eau…

Après cet essor de poésie personnelle, Rivière redevient traducteur, — mais un traducteur très libre et plein de fantaisie ; il s’agit de montrer que toutes les parties de notre globe, même les plus exposées aux

  1. La Taprobane est aujourd’hui Sumatra ; cette île passait pour merveilleusement fertile, et produisant l’or en abondance,

    Pour qui nous recherchons, outre la Taprobane,
    À travers mille mers, une autre Tramontane…

    (Du Bartas, 5e jour de la Sepmaine.)

    Sur le Tartare Idal-Cham, consulter les Voyages de Thevenot.

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