Aller au contenu

Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

serrait son enfant plus étroitement et restait debout, sa pâle figure tournée vers le ciel, pendant que des prières montaient de ses lèvres tremblantes et décolorées.

La scène était terrible. Des frissons convulsifs secouèrent tout son être, et Marion ferma les yeux pour ne pas voir le spectacle horrible.

Les cris d’enfer et les hurlements des peaux rouges mêlés aux détonations des revolvers, le sifflement des balles et des flèches, le cri de guerre de Munroe et le hennissement du cheval qui piétinait les corps des Apaches tombés, tous ces sons semblaient figer le sang dans les veines de Marion, et la remplissaient d’une horreur indescriptible.

Il lui aurait été très facile de fuir pendant l’excitation du combat, elle aurait pu trouver une retraite dans quelque touffe d’arbres, mais elle restait clouée au sol et incapable de bouger. Elle savait, en outre, que son mari était dans les mains d’ennemis sans pitié, et la vie n’était plus rien pour elle. Au contraire la vie, dans ce cas, serait une torture sans fin.

Marion rouvrit les yeux au moment où un concert de cris triomphants retentissait à travers les voûtes naturelles d’arbres qui semblaient maintenant remplis de ces démons rouges.

Elle fut presque aveuglée par les flammes qui montaient à travers les arbres garnis de mousse, et qui illuminaient tout l’emplacement et le bois d’alentour d’une lueur sinistre. Sa chaumière était enveloppée de flammes.

Le spectacle était affreux. Les démons rouges dans leurs couleurs de guerre et avec leurs plumes flottantes dansaient follement autour d’elle.

Cette lumière aveugla d’abord Marion, et elle ne vit pas ce qu’il y avait en face d’elle, à peu de distance du lieu où elle se trouvait.

Quand son regard se porta vers l’endroit où son mari s’était élancé au milieu des Apaches, la pauvre femme voulut crier,