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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/19

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parut saisie d’étonnement et de crainte. Ils pouvaient en effet avoir peur, car ils connaissaient tous ce cri pour l’avoir souvent entendu quand leurs frères tombaient au milieu du carnage qui s’en suivait toujours.

C’était le cri de guerre bien connu de Munroe l’enragé, à ce moment dix fois plus furieux et plus menaçant, car l’éclaireur avait entendu les hurlements qui lui disaient que sa famille était en grand danger, sinon déjà égorgée.

Marion aussi avait entendu ce signal de guerre qui avait fait connaître et redouter son mari par les tribus ennemies de la frontière du Texas.

Pour la jeune femme dans son affreuse position, ce cri fut comme un coup de poignard et lui enleva le reste de ses forces, car elle était maintenant certaine que son mari était perdu avec elle et son enfant.

Instinctivement cependant elle s’élança pour fuir.

Les armes à la main, et des cris de triomphe sur les lèvres, les Apaches la suivirent, convaincus d’avoir en leur pouvoir la femme et l’enfant de leur plus mortel ennemi, Madison Munroe.


CHAPITRE VI
FEU ET SABRE

Non seulement les sauvages se sentaient maîtres de ces deux captifs sans défense, mais aussi de l’éclaireur tant redouté qui avait tué les plus braves de leur tribu.

Un instant après, un véritable prince des plaines, le fils des héros des frontières, un revolver à chaque main et les dents serrées, bondissait par-dessus les taillis sur son magnifique cheval noir, maintenant couvert d’écume.

Son cri de guerre perçant retentit encore, et la flamme de deux coups de feu illumina la scène. Ses balles se logèrent dans la masse des Apaches, étourdis par le coup d’audace et de courage du jeune éclaireur.

Marion, tenant son enfant serré sur sa poitrine, courut se placer derrière le cheval de son mari ; les yeux de celui-ci s’illuminèrent de joie et de soulagement, car il venait de voir que sa femme et son enfant n’avaient pas encore succombé.

Pendant que son mari luttait ainsi contre la mort, Marion