Aller au contenu

Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par des soldats ou des chasseurs du camp Johnston.

Ainsi raisonna Munroe, et un soupçon du sort terrible qui l’attendait lui traversa l’esprit.

Mais il ne devait pas rester longtemps en suspens : ses soupçons furent confirmés même avant qu’on lui enlevât son bandeau des yeux, car tout près de lui on enfonçait des pieux en terre.

Marion regardait son mari avec une expression de profonde douleur. Elle n’avait aucune idée de l’objet pour lequel on enfonçait ces pieux.

Sa torture morale était alors trop intense pour lui permettre de verser des larmes. Ses beaux yeux exprimaient un désespoir qui aurait fait fondre un cœur de pierre, mais ces cruels hommes des bois n’avaient aucune pitié.

Les pieux ne dépassèrent bientôt la terre que de quelques pouces. Tous les coups qui les avaient frappés semblaient l’avoir été sur la tête de Munroe.

Bien qu’il n’y eut plus même une seule lueur d’espérance, Munroe n’avait pas encore cessé d’espérer. Quand l’ouvrage fut terminé, deux guerriers saisirent Munroe par les bras et par les pieds et le jetèrent avec force entre les pieux auxquels ils l’attachèrent au moyen de fortes lanières de peau de buffle.

Les pieux ne restèrent plus un mystère pour Marion. L’infortunée était pénétrée de l’horreur la plus profonde.

Un des cinq Sauvages tira son long couteau et coupa les liens qui retenaient encore ensemble les bras et les jambes du captif, car on avait eu bien soin de ne pas le libérer auparavant. Celui-ci choisit le moment, et, réunissant toutes ses forces dans un suprême effort, bondit en avant et secoua si violemment les quatre Sauvages qui se cramponnaient aux lanières préalablement attachées à ses membres qu’ils faillirent être renversés. L’un d’eux aurait planté son couteau dans la poitrine du captif, si le chef « Loup Rouge, » ne fût intervenu. Le chef ordonnait en même temps à six autres de ses hommes de venir au secours en toute hâte. Il était temps. Le jeune homme et les cinq Sauvages ne formaient plus