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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/30

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qu’une grappe humaine mouvante et se tordant sur elle-même. Les poings libérés du captif tombaient comme des coups de massue sur la tête des Apaches, dont deux furent renversés presque sans vie. Des murmures d’admiration s’élevèrent parmi les Sauvages restés sur leurs mustangs. La force et le courage que Munroe déployait les forçaient à l’admirer comme un grand guerrier et ils jugèrent que le genre de mort qui l’attendait lui était de plus en plus méritée.

Les six nouveaux guerriers bondirent sur Madison, et il fut renversé sur le dos entre les quatre pieux ; ses membres furent tirés, tendus affreusement et liés aux pieux.

Ainsi attaché était Madison. Munroe resta étendu comme sans vie.

Alors seulement son bandeau lui fut enlevé, et il put regarder pour la dernière fois sa femme et son enfant.

Comment peindre son émotion !

Des démons sans cœur pouvaient seuls voir ces deux infortunés d’un œil indifférent, et ne pas les rendre l’un à l’autre.

Le chef fit entendre un second signal.

Alors l’enfant fut enlevé des bras de sa mère qui demeura muette d’effroi. On le déposa près de son père, et, les guerriers sautant en selle, se remirent en route.

— Ô Marion ! Ô ma femme ! s’écria le malheureux Munroe, nous ne nous rencontrerons plus ! Je dois mourir ici avec notre enfant ! »

Sa voix était rauque et n’avait plus l’accent humain. Sa femme voulut lui répondre, mais les Sauvages poussèrent l’allure de son cheval, et elle ne put que pousser des cris de désespoir.

Le silence se fit ensuite dans la plaine. On n’entendit plus, dans le lointain, que le bruit des sabots des mustangs sur le sol dur de la prairie. La bande d’assassins courait vers Apacheria.

Marion perdit heureusement connaissance, mais quel terrible réveil pour elle en se voyant seule, au pouvoir de ces monstres des montagnes Apaches !

Munroe et son enfant étaient condamnés à mourir de faim