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terrible, mais qu’est-elle, comparée à la douleur que j’éprouve d’être témoin du supplice de mon enfant ! Ma tête va éclater ! Père miséricordieux, appelez-le à vous. »

Ainsi priait le malheureux père, en regardant le ciel.

Tout à coup son corps se contracta en voyant les oiseaux de proie qui lui annonçaient bien clairement le sort affreux qui les attendait, lui et son enfant.

Les cruels ennemis qui s’étaient rendus maîtres de cet homme savaient que c’était là le plus grand supplice qu’ils pouvaient lui faire endurer, et les démons Apaches seuls pouvaient inventer une telle torture.

Et c’était en effet à ces maraudeurs meurtriers des montagnes, et à ces pirates des prairies que cet homme et cet enfant devaient leurs inexprimables souffrances.


CHAPITRE II
LE DÉSESPOIR ET LA DÉLIVRANCE


Le soleil descendait lentement à l’horizon, et l’homme torturé était toujours attaché dans la plaine ; les plaintes du petit enfant n’étaient plus que de faibles soupirs qui navraient l’âme du malheureux père.

Plusieurs fois le petit être s’était laissé tomber dans la poussière, et après s’être reposé s’était traîné jusqu’à l’impuissante victime. Là, ses yeux bleus regardaient fixement dans ceux de son père si pleins de la plus profonde angoisse.

Cet homme ne pouvait plus pleurer, car toutes les larmes de ses yeux étaient taries.

Lentement l’enfant se traîna jusqu’à ce que sa petite main fut placée sur la poitrine meurtrie de son père, sur laquelle il tomba avec un soupir de soulagement.

La large poitrine du père se souleva comme si son cœur allait en sortir.

Les muscles de ses bras semblaient se nouer et s’entremêler comme des serpents dans sa peau au milieu des efforts qu’il faisait pour s’arracher de ces pieux cruels, afin de presser sur son cœur l’enfant qui se cramponnait à lui.