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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/6

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Mais les courroies tenaient fermes, et avec un dernier gémissement, l’homme abandonna la lutte ; sa respiration s’exhalait en faibles soupirs.

L’enfant reposait comme s’il avait été mort, et la prière intérieure du père demandait que l’âme de ce petit martyr quittât son enveloppé terrestre.

Pour un temps il crut sa prière exaucée, et il fit appel à toute sa force de volonté pour supporter cette nouvelle agonie.

Aucun espoir de délivrance n’apparaissait, et cependant en dépit de tout il continuait à espérer. Il ne priait pas pour demander la mort, comme tout autre homme aurait fait à sa place, au contraire il luttait contre la mort, car longtemps avant d’être témoin du supplice de son enfant il avait juré de se venger.

Aucun homme n’avait jamais eu plus de raisons de faire ce serment, et c’est ce que la suite de notre histoire prouvera. Si quelqu’un avait pu entendre les paroles murmurées par les lèvres sanglantes de ce père malheureux quand il crut son enfant mort, il aurait prévu une cruelle vengeance. Il espérait toujours et priait pour être délivré.

— « Je ne mourrai pas ! disait-il. Je vivrai pour sauver ma femme des mains de ces barbares ! Oui, je vivrai pour la vengeance ! Il le faut !

Oh ! mon Dieu, soutenez ma pauvre raison, et laissez-moi aller la délivrer ! Pour cela seulement délivrez-moi du sort qui m’attend. »

Ses yeux élevés au ciel étaient fixés comme si dans son imagination, il eut vu sa femme entre les mains des rouges démons apaches. Cette scène imaginaire lui parut tellement réelle qu’il fit un effort herculéen pour bondir en avant et rejeta de sa poitrine le corps de son enfant. Il poussa un cri sauvage, ses nerfs se détendirent, et il tomba sans connaissance délivré de toute souffrance.

Dans un engourdissement semblable à la mort reposait l’enfant à l’endroit où il était tombé, à côté de son père. Les rayons rougeâtres du soleil couchant jetaient une lueur san-