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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/67

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LA

ner. Il revint pourtant en se laissant conduire par la jeune fille. Elle état, plus petite que lu ;. d’une apparence plus vieille et plus calme. Pendant qu’elle me regardait, elle tenait ses lèvres roses très fermées. Ses yeux exprimaient la surprise, celle qu’éprouve un animal sauvage nouvellement pris. Son regard, si décidé, si singulier dans son calme parfait et son innocence ni** déconcertait presque. En fixant mes yeux sur les siens, je leur trouvai une expression que l’on ne rencontre nulle part chez les jeunes filles vivant au sein de notre civilisation, une expression si absente de l’esprit du mal, si dépourvue de cette timidité consciente qui amène la rougeur au front et détourne le regard, que dans ma pensée elle se rapprochait plutôt de l’ange que d’aucun être que j’eusse vu jusque-là.

Et puis elle était belle, d’une beauté supérieure. Son teint était de ce clair olive qui, le soir, reluit comme l’ivoire ; ses joues, quoique sans couleur, brillaient de santé ; ses lèvres de corail, ses noirs sourcils arqués et ses longs cils donnaient à toute sa figure tout le brillant du contraste. Ses yeux étaient de ce gris-vert que l’on trouve si rarement dans les contrées du nord, quoique justement appréciés en Italie et en Espagne, —des yeux qui gagnent le ccêur sur le champ, tellement extraordinaire est leur profondeur ténébreuse, leur puissance. Son visag’ mignon était la grâce parfaite ; elle avait les mains et les pieds forte’ petits. Sa chevelure était d’un brun particu lier, le brun d’aile d’oiseau, et qui n’était relevé d’aucune teinte plus légère.

C’est le portrait que j’essaie de faire de cette délicieuse personne, mais les mots manquent pour traduire là puissance et le merveilleux de sa beauté. C’est la magie et le charme de l’amour, non la forme seule qui constituent sa véritable domination.

En quelques mots embarrassés, je lui demandai son nom. —Stéphanie l’Etrangère, me répondit-elle. —Moi aussi je suis étranger, Stéphanie.