Aller au contenu

Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’est pas destinée à être corrigée.

B A CINQ CENTS

—Venez avec moi, me répondit«il, en me prenant le bras. Je vous conterai ce mystère chemin faisant. Il m’entraîna d’un pas rapide, tout en me parlant de* l’Anglaise.

—Il y a douze ans, continua-t-il, une dame vêtue de noir, descendit de la diligence sur la grande route et demanda le chemin qui conduit à Saint Elme. Elle m’indiqua la Barrière, que vous connaissez, où ses malles devaient être laissées, et prenant" le chemin le plus court à travers le bois, elle atteignit à pied le < village solitaire. Elle portait dans ces bras uti enfant—unè petite fille d’environ un an... •. ’ • , —Stéphanie I m’écriai-je.

—Oui, c’est son nom. La dame trouva un logement cjiez un petit fermier, et c’est là qu’elle a demeuré depuis. Pendant ce temps elle n’a reçu la visite d’aucun étranger. Tous les ans elle recevait deux paquets de Paris, adressés sans doute .par quelque notaire ou homme d’affaires. Elle a vécu ici dans ce village isolé, comme quelqu’un qui voudrait c’enterrer vivant. •—Mais qui est-elle ? x.

—Tout le monde l’ignore. Elle se nomme madame Grey. Ses moyens d’existf nce paraissent fort limités, mais suffisants néanmoins pour un endroit comme celui-ci. Tout récemment elle eut besoin de quelques douceurs que je lui ai procurées de mon mieux. Elle a lutté contre la consomption depuis ces> deux dernières années ; -aujourd’hui elle’se meurt. Je vous amène chez e^e.

—Moi ? m’écriai-je. Pourquoi lui faire cette peine de voir un étranger ?

—Elle vous a fait demander ;—je veux dire, elle a demandé s’il ne se trouvait pas un Anglais tout près, à qui elle pût parler, et, me souvenant que vous veniez, je lui ai mentionné votre nom. Alors elle m’a prié de vous mener auprès d’elle aussitôt que vous arriveriez. Comme elle se meurt, et rapidement encoie, voua n’userez d’aucune cérémonie dans votre conversation : car elle sait qu’elle n’a plus de temps à perdre.