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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/86

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Elle songe, elle rêve — et tant de pauvreté ! Ses petits vont pieds nus l’hiver comme l’été. Pas de pain de froment. On mange du pain d’orge. —O Dieu ! le vent rugit comme un soufflet de forge, La côte fait le bruit d’une enclume, on croit voir Les constellations fuir dans l’ouragan noir Comme les tourbillons d’étincelles de l’âtre. C’est l’heure où, gai danseur, minuit rit et folâtre Sous le loup de satin qu’illuminent ses yeux, Et c’est l’heure où minuit, brigand mystérieux, Voilé d’ombre et de pluie et le front dans la bise, Prend un pauvre marin frissonnant et le brise Aux rochers monstrueux apparus brusquement.— Horreur ! l’homme dont l’onde éteint le hurlement, Sent fondre et s’enfoncer le bâtiment qui plonge ; Il Sent^s’ouvrir sous lui l’ombre et l’abîme et songe Au vieil anneau de fer du quai plein de soleil ! Ces mornes visions troublent son cœur, pareil A la nuit. Elle tremble et pleure. IV

• O pauvres femmes

De pêcheurs ! c’est affreux de se dire : “ Mes>mes, Père, amant, frères, fils, tout ce que j’ai de cher, C’est là, dans ce chaos !... mon cœur, mon sang, ma chair ! Ciel ! être en proie aux flots, c’est être en proie aux bêtes, Oh ! songer que l’eau joue avec toutes ces têtes, Depuis le mousse enfant jusqu’au mari patron, Et cjue le vent hagard, soufflant dans son clairon,