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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/111

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SES DEUX RÉPUTATIONS.

Il n’avoua jamais — peut-être ne s’avoua-t-il jamais à lui-même — que le désir de s’enrichir avait été le grand mobile de sa vie. Dans une sorte de dialogue des morts, on lui a prêté cette parole : « J’ai toujours eu pour but, durant toute ma vie, de ne rien faire ni rien dire qui ne me conduisît à quelque détermination utile à mes intérêts. » Mais cet aveu, d’ailleurs véridique, est un propos de dialogue des morts. Vivant, Beaumarchais protesta toujours de son zèle pour le bien public : « Ce qui m’anime, en tout, disait-il, c’est l’utilité générale ».

Il est certain que, parfois, son intérêt particulier se trouve d’accord avec l’intérêt général.

Lorsque, durant la guerre avec les Anglais, au lendemain de nos désastres maritimes, il va dans tous les ports de France pour relever le courage et échauffer le patriotisme des armateurs, il s’abandonne à un généreux élan de cœur, — qui d’ailleurs ne nuit en rien aux affaires de la maison Rodrigue Hortalez et Cie.

Lorsqu’il défend la cause des auteurs dramatiques et se jette, pour assurer leurs droits, dans le plus terrible des guêpiers, lorsque, à la tête de la société qu’il a fondée, il obtient des assemblées révolutionnaires des lois sur la propriété littéraire, là, comme partout, il obéit à son éternel souci des questions d’argent ; mais en cette affaire il est désintéressé. Lui-même est hors cause lorsqu’il écrit dans un