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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/114

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BEAUMARCHAIS.

mées au fils d’un horloger ; de notre temps, Beaumarchais eût pu donner libre carrière à son génie d’entreprise et satisfaire ses grandes ambitions, tout en demeurant le plus droit et le plus délicat des hommes….

C’est un jeu d’imagination bien scabreux que de transporter un personnage historique dans un milieu différent de celui où il a vécu et de raisonner ensuite sur une telle conjecture. Mais, l’hypothèse admise, nous serions enclins à en tirer des conclusions beaucoup moins favorables à la gloire de Beaumarchais.

L’argent, depuis la Révolution, a vaincu bien des défiances. La richesse donne plus sûrement le pouvoir et la considération ; aussi excite-t-elle davantage la convoitise des ambitieux. Les tentations sont devenues plus fortes. Les mœurs sont aussi peut-être devenues plus faciles. Méditez cette anecdote contée par Mme Lebrun dans ses Souvenirs :

« Le comte de Vaudreuil dut se repentir d’avoir accordé sa protection à l’auteur du Mariage de Figaro. Peu de temps après cette représentation, Beaumarchais lui fait demander un rendez-vous, qu’il obtient aussitôt, et il arrive à Versailles de si bonne heure que le comte venait à peine de se lever. Il parle alors d’un projet de finance qu’il vient d’imaginer et qui devait lui rapporter des trésors ; il finit par proposer à M. de Vaudreuil des