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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/13

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SA VIE ET SES AVENTURES.

pleines d’esprit et de gaillardise, excellait dans la comédie de société, et l’on a d’elle un opuscule intitulé : L’existence réfléchie ou Un coup d’œil moral sur le prix de la vie. Très pieuse, elle écrivit une paraphrase du Miserere ; mais, quelques heures avant sa mort, elle composa un couplet railleur sur un air de contredanse, et, réunie autour de son lit, sa famille lui répondit par des impromptus. Quand le fils de l’horloger s’appela de Beaumarchais, Julie prit le même nom. Ce qui fit dire un jour au conseiller Goëezman : « Le sieur Caron a emprunté à l’une de ses femmes le nom de Beaumarchais, qu’il a prêté à l’une de ses sœurs ». Quant à Jeanne-Marguerite, surnommée Tonton, puis Mlle de Boisgarnier, elle devint la femme de l’avocat Miron. C’était une personne d’esprit qui chantait et pinçait de la harpe à ravir ; elle était de toutes les représentations d’Etioles et jouait son rôle dans les « parades » composées par son frère.

Le père Caron, qui avait perdu trois fils, voulut que le dernier survivant, Pierre-Augustin, fût horloger. Aussi ne l’envoya-t-il étudier ni à l’Université, ni chez les jésuites, ce que l’ami Gudin déplore : « Car, dit-il, Aristophane, Plaute, Térence auraient enflammé sa jeune imagination : la gloire des lettres lui eût paru la plus belle ; sa vie eût été toute différente ». Les regrets de Gudin sont d’un excellent humaniste. Mais on a peine à les par-