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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/130

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BEAUMARCHAIS.

deux ont le même goût pour la politique et la même façon de la concevoir : « Figaro : Feindre d’ignorer ce qu’on sait, de savoir tout ce qu’on ignore, d’entendre ce qu’on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu’on entend, surtout de pouvoir au delà de ses forces ; avoir souvent pour grand secret de cacher qu’il n’y en a point ; s’enfermer pour tailler des plumes et paraître profond quand on n’est, comme on dit, que vide et creux ; jouer bien ou mal un personnage, répandre des espions et pensionner des traîtres, amollir des cachets, intercepter des lettres et tâcher d’ennoblir la pauvreté des moyens par l’importance des objets ; voilà toute la politique, ou je meurs ! — Le comte : Eh ! c’est l’intrigue que tu définis ! — Figaro : La politique, l’intrigue, volontiers ; mais comme je les crois un peu germaines, en fasse qui voudra. » Beaumarchais en avait fait beaucoup et à la manière de Figaro. Pour avoir racheté quelques libelles à des Morande, obtenu d’un ancien dragon qu’il s’habillât en femme, et procuré des armes aux « Bostoniens », il s’imaginait assez naïvement connaître le dernier mot de la politique, — comme il connaissait avec Goddam le fond de la langue anglaise.

Ayant ainsi donné à son héros ses vues sur la morale et les hommes, Beaumarchais lui prête encore son esprit et son impudence. Vous connaissez l’homme : lisez la scène du Mariage où Figaro, pour