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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/129

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Figaro.

du Mariage, il tomba du cintre une pluie de petits papiers où était écrite l’épigramme suivante :

 
 
Mais Figaro !… le drôle à son patron

Si scandaleusement ressemble,
Il est si frappant qu’il fait peur.
Et, pour voir à la fin tous les vices ensemble,
Le parterre en chorus a demandé l’auteur.

Beaumarchais, tout en protestant qu’on faisait trop d’honneur à Figaro, sentait bien que la parenté n’était pas niable. Dans-la Préface du Mariage, il y pensait sans nul doute quand il défendait son Sosie contre les malveillants : « Pourquoi, dans ses libertés sur son maître, Figaro m’amuse-t-il au lieu de m’indigner ? C’est que, l’opposé des valets, il n’est pas, et vous le savez, le malhonnête homme de la pièce ; en le voyant forcé, par son état, de repousser l’insulte avec adresse, on lui pardonne tout, dès qu’on sait qu’il ne ruse avec son seigneur que pour garantir ce qu’il aime et sauver sa propriété. » Au lieu de sauver sa propriété, mettez faire fortune, et voilà, du même coup, la justification du personnage et de l’auteur.

La morale de Figaro, c’est celle de Beaumarchais. Elle repose sur une heureuse conciliation de l’intérêt public et de l’intérêt privé : « Le comte : Punir un fripon en se rendant heureux…. — Figaro : C’est faire à la fois le bien public et particulier : chef-d’œuvre de morale, en vérité, Monseigneur. » Tous