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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/139

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FIGARO.

peut inspirer une véritable compassion à l’homme qui réfléchit. Jamais il n’a goûté la douceur de vivre paisiblement sous un roi bon et vertueux. Ils nous méprisent et nous traitent d’esclaves, parce que nous obéissons volontairement ; mais si le règne d’un prince ou faible ou méchant a fait quelquefois un mal momentané à la France, jamais cette rage licencieuse que les Anglais appellent liberté n’a laissé un instant de bonheur et de vrai repos à ce peuple indomptable. » Voilà pour le libéral.

En 1778, dans un de ses mémoires contre le comte de la Blache, il écrivait : « Non qu’il faille oublier ce qu’on doit dans le monde aux rangs élevés ! Il est juste au contraire que l’avantage de la naissance y soit le moins contesté de tous, parce que ce bienfait gratuit de l’hérédité, relatif aux exploits, qualités ou vertus des aïeux de celui qui le reçoit, ne peut aucunement blesser l’amour-propre de ceux auxquels il fut refusé ; parce que si, dans une monarchie, on retranchait les rangs intermédiaires entre le peuple et le roi, il y aurait trop loin du monarque au sujet. » Voilà pour le républicain.

Fut-il même un libéral du lendemain ? Pas davantage. Dès septembre 1789, nous le voyons fort épouvanté des excès de la Révolution : « Ô citoyens ! s’écrie-t-il, quels fruits de la liberté ! Ce sauvageon amer a grand besoin d’être greffé sur de sages lois réprimantes. » L’immense succès du Charles IX de