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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/140

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BEAUMARCHAIS.

Chénier lui paraît un scandale et il engage vivement (9 novembre 1789) les comédiens à en cesser les représentations : « Nous avons plus besoin d’être consolés par le tableau de la vertu de nos ancêtres qu’effrayés par celui de nos vices et de nos crimes ». Et lorsqu’en 1790 l’Opéra reprend Tarare, Beaumarchais en modifie le dénouement avec une timidité qui lui mérite les sifflets des patriotes, bien qu’il ait célébré l’institution du divorce et le mariage des prêtres.

Beaumarchais, aventurier et homme d’affaires, est tout le contraire d’un spéculatif. Il se soucie peu de politique et encore moins de métaphysique. Comme le prince de Conti, à son lit de mort, refuse de recevoir l’extrême-onction et que les exhortations de l’archevêque de Paris demeurent inefficaces, Beaumarchais, à force d’éloquence, triomphe des résistances du moribond, ce qui ne l’empêche pas, quelques années plus tard, de chansonner les mandements de l’archevêque. Peu de temps avant sa mort, il publie dans le Journal de Paris deux lettres indécentes sur Voltaire et Jésus-Christ. Mais on a retrouvé une pétition adressée par lui, en 1791, aux officiers municipaux pour qu’on augmentât le nombre des messes dans les églises de son quartier.

Un tel homme n’est révolutionnaire ni par tempérament ni par intérêt. Au fond c’est un conservateur,