tait aussi pour écouter les critiques des auditeurs, et il en tenait compte. Il consultait les comédiens. Il acceptait docilement le jugement du parterre et, entre deux représentations, corrigeait, émondait et remaniait ses pièces. Au moment où il écrivait les mémoires contre Goëzman, un véritable conseil de parents et d’amis le soutenait dans la lutte et lui donnait de précieux avis sur la forme de ses pamphlets. Il dut à tous ces collaborateurs d’heureuses inspirations et d’utiles retouches. Mais le temps pressait. Et, d’ailleurs, les défauts de Beaumarchais étaient de ceux qui ne se corrigent jamais, ils tenaient au fond même de son esprit.
Il avait pour la grammaire et la syntaxe ce grand mépris qu’on passe volontiers aux hommes d’action, s’ils n’ont pas en même temps la prétention d’être des écrivains. Or la langue de Beaumarchais est trop recherchée, trop apprêtée pour avoir le droit d’être incorrecte : elle fourmille d’expressions dont la bizarrerie souligne l’impropriété. Il « sacramente » des mots nouveaux, à la façon de Mercier, auteur de la Néologie ; mais ces nouveautés, hélas ! ne sont pas toujours de belles trouvailles. Aussitôt que la verve languit, la phrase se relâche, traîne, s’enchevêtre.
Relevant dans une lettre de Beaumarchais une tournure assez barbare, Sainte-Beuve écrivait : « Beaumarchais est plein de ces locutions incor-