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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/17

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SA VIE ET SES AVENTURES.

fut nommé « contrôleur clerc d’office » : le revenu de la charge était médiocre, mais l’honneur n’était pas mince, puisque le « contrôleur », l’épée au côté, précédait la viande du roi. Francquet, déjà malade, s’en fut se soigner à la campagne : il mourut bientôt d’apoplexie.

Mme Francquet avait sur les bras des affaires compliquées. Le successeur de son mari se chargea de les régler. Pour amener à composition des débiteurs peu délicats, il conçut alors le projet d’une surprenante comédie où lui-même s’était réservé le rôle du confesseur de la veuve et où il devait apparaître sous le nom et la robe de l’abbé d’Arpajon de Sainte-Foix. Lorsqu’au cours du procès Kornman, ses ennemis lui reprochèrent cette fourberie, il affirma qu’il n’avait été Gil Blas que d’intention et que sa belle comédie n’avait jamais été mise en scène. Faute de preuves, croyons Beaumarchais.

Moins d’un an après la mort de Francquet, sa veuve, qui était riche, épousait Pierre-Augustin Caron : il était de dix ans plus jeune qu’elle et ne possédait rien que « sa haute stature, sa taille svelte et bien prise, la régularité de ses traits, son teint vif et animé, son regard assuré ». Ce mariage semblait devoir fixer sa position. Malheureusement, au bout de dix mois, la femme mourut, enlevée en quelques heures par une fièvre putride. Par contrat de mariage, le mari s’était fait donner toute la fortune ; mais, ce