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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/16

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BEAUMARCHAIS.

procès. Un sieur Lepaute lui disputa la priorité de sa découverte. Le différend fut soumis à l’Académie des sciences. Pierre-Augustin obtint gain de cause, après avoir mis le public dans la confidence de la querelle et inséré sa défense dans le Mercure. C’était le premier appel de Beaumarchais à l’opinion.

On le manda bientôt à Versailles. Il avait exécuté pour Mme de Pompadour une « montre de bague » de quatre lignes de diamètre. Le roi voulut posséder la pareille. Les courtisans suivirent l’exemple de Louis XV. Puis Pierre-Augustin Caron construisit une petite pendule pour Madame Victoire et fut présenté à Mesdames.

Mais les commandes de la cour et le titre d’« horloger du roi » satisfaisaient mal son ambition. Fort à propos, une heureuse aventure lui permit de pousser un peu plus loin sa fortune.

Une belle dame qui l’avait remarqué à Versailles vint, un jour, dans sa boutique de la rue Saint-Denis et le pria de réparer une montre brisée. « Le jeune artiste, dit Gudin, brigua l’honneur de reporter la montre, aussitôt qu’il en aurait réparé le désordre. » On n’était pas d’humeur à le lui refuser, et, quelques mois après, le mari de la dame, M. Francquet, « contrôleur clerc d’office de la maison du roi », était heureux d’obliger l’aimable horloger, en lui cédant sa charge pour peu d’argent. Ce fut ainsi que, le 9 novembre 1755, Pierre-Augustin Caron