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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/176

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BEAUMARCHAIS.

situations analogues dans l’Étourdi, dans le Sicilien, dans les Folies amoureuses et dans toute la comédie italienne. Mais ce qui est propre à Beaumarchais, c’est la grâce avec laquelle il enchaîne ces situations, la prestesse avec laquelle il noue, dénoue, puis renoue les fils de l’imbroglio, la variété et l’inattendu des coups de théâtre. L’exposition est une des plus brillantes qui soient au théâtre : tout est indiqué ; tout est prévu ; en quelques traits les caractères sont dessinés et l’action n’a plus qu’à courir. On sait de quel train elle va jusqu’au dénouement. Nulle part on n’a tiré du comique des situations, des effets aussi divertissants que dans la scène où Basile survient inopinément, au milieu de la stupeur générale, et regagne la porte, accompagné du célèbre : « Bonsoir, Basile, bonsoir ! » Et avec quel art sont ménagées les surprises du dernier acte ! et avec quelle élégante rapidité tout se termine et se conclut !

Dans le Barbier il n’y avait qu’une intrigue. Le Mariage est une comédie bien plus touffue. Figaro défend Suzanne contre Almaviva. Mais, en même temps, le comte recherche Fanchette ; Marceline convoite Figaro ; et le page étourdi complique tout par ses baisers à Suzanne et ses romances à la comtesse. L’écheveau est embrouillé. Beaumarchais le dévide avec une dextérité inimitable. Un instant, l’intérêt languit au quatrième acte. Mais le cinquième est vraiment la perfection du genre.