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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/175

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SES MÉMOIRES ET SON THÉÂTRE.

Le rôle de Beaumarchais a été de réintégrer l’intrigue et la gaîté dans la comédie. « J’ai donc réfléchi, dit-il dans la Préface du Mariage de Figaro, que si quelque homme courageux ne secouait pas toute cette poussière, bientôt l’ennui des Pièces françaises porterait la nation au frivole opéra-comique, et plus loin encore, aux Boulevards, à ce ramas infect de tréteaux élevés à notre honte, où la décente liberté, bannie du Théâtre français, se change en une licence effrénée, où la jeunesse va se nourrir de grossières inepties, et perdre, avec ses mœurs, le goût de la décence et des chefs-d’œuvre de nos maîtres. J’ai tenté d’être cet homme, et si je n’ai pas mis plus de talent à mes ouvrages, au moins mon intention s’est-elle manifestée dans tous. » Il eût pu se montrer moins sévère pour « le frivole opéra-comique » et pour la « licence effrénée » des farces populaires : car il avait mis dans le Barbier de Séville quelques farces tirées d’une parade que lui-même avait écrite pour les fêtes d’Étioles et qui est parfaitement licencieuse ; d’autre part, le même Barbier avait été d’abord un « frivole opéra-comique » destiné à la Comédie-Italienne. Mais il a, tout de même, bien vu et bien marqué l’originalité de ses deux comédies : gaîté et habileté de l’intrigue.

C’est un chef-d’œuvre de légèreté, de précision et de clarté que l’intrigue du Barbier de Séville. Certes le sujet n’est pas nouveau : on peut retrouver des