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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/180

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BEAUMARCHAIS.

Folle journée, la reconnaissance de Figaro par Marceline est plus ridicule qu’attendrissante. Mais il a du moins indiqué la voie où, avec plus de mesure et de vérité, d’autres dramaturges devaient trouver le succès.

Cette confusion de toutes les formes anciennes de notre théâtre, cet amalgame d’intrigue et de satire, de sérieux et de comique, de burlesque et de pathétique, voilà bien le propre de Beaumarchais. Et, dès lors, on devine combien profonde a été l’influence de l’auteur du Mariage de Figaro sur les destinées de la scène française. Sans doute, il n’est pas l’auteur unique de ce grand bouleversement artistique ; il faut faire la part des théories de Diderot et de Mercier ; il faut surtout tenir compte du changement des mœurs publiques et privées qui, à la fin du xviiie siècle, devait inévitablement réagir sur le théâtre. Mais, lorsqu’il s’agit d’art et de littérature, les plus puissants leviers de révolution ne sont ni les poétiques, ni même les mœurs, mais bien les chefs-d’œuvre.

L’intrigue, l’imbroglio, remis en honneur dans le Barbier et dans la Folle journée, a pris une importance capitale dans le théâtre du xixe siècle. On en est même venu à concevoir des pièces, composées d’une suite de « situations », où évoluent de simples fantoches, qui n’ont rien d’humain, et où l’auteur n’a mis ni fantaisie, ni observation, ni satire : le