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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/181

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SES MÉMOIRES ET SON THÉÂTRE.

seul intérêt qu’excitent ces sortes d’ouvrages est un pur intérêt de curiosité. Scribe, qui avait l’habileté de Beaumarchais sans en avoir l’esprit, a été le chef incontesté de cette école de l’intrigue pour l’intrigue. Ses successeurs, et ils sont nombreux, l’ont surpassé en adresse et en dextérité ; ils ont créé une sorte de guignol compliqué, dont tout le comique tient à l’absurdité des coups de théâtre et à l’ahurissement incessant des personnages. Ces fabricants de bouffonneries peuvent, à la rigueur, se mettre sous le patronage de Beaumarchais. Tout le vaudeville moderne est en germe dans le cinquième acte de la Folle journée.

D’autres plus ambitieux ont voulu mêler à l’intrigue soit un tableau historique, comme Alexandre Dumas père, soit un tableau de mœurs, comme Émile Augier, soit un enseignement moral comme Alexandre Dumas fils. (Observons, en passant, que Marceline, au troisième acte du Mariage, développe une véritable « thèse » féministe ; cette scène disparut du texte imprimé ; mais Beaumarchais l’a recueillie dans sa Préface.) Enfin le plus authentique des disciples de Beaumarchais, M. Victorien Sardou, après avoir débuté par un assez joli pastiche (les Premières armes de Figaro), a mélangé le vaudeville, le mélodrame, la satire et la caricature dans des chefs-d’œuvre d’ingéniosité — prestidigitateur incomparable, sachant, comme aucun, les lois et les